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Le "Débriefing Psychologique"
réunion du mercredi le 14/01/2004 Le Film :
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à permettre la verbalisation de l'expérience émotionnelle | |
et remettre l'individu dans un espace, | |
à le remettre dans un temps, | |
à le remettre dans des valeurs normales. |
L'aspect préventif apporte une information sur les symptômes actuels mais aussi précise qu'il peut survenir des symptômes secondaires à ne pas banaliser ou dramatiser.
Il permet un repérage de sujets plus fragiles et d'anticiper une prise en charge plus soutenue à organiser dans les relais.
Certaines personnes plus particulièrement touchées auront effectivement besoin d'une autre prise en charge psychothérapeutique ou médicale. Cette première prise de contact qu’est le débriefing est donc une ouverture vers un travail thérapeutique plus individualisé
En effet, face au même évènement tout le monde ne va pas développer un "Etat de stress post traumatique" chronique. Pascal PANNETIER rappelle cette métaphore :
75% des traumatisés réagissent comme un ballon de baudruche sur lequel on aurait enfoncé le doigt. Une déformation s’est produite mais il y a un retour à l’équilibre antérieur. | |
25% des traumatisés se comportent comme un ballon de baudruche sur lequel on aurait appuyé une épingle. Une explosion se produit. |
Un des objectifs du débriefing consiste à dégager un questionnement personnel à partir de la confrontation d'expériences vécues en commun et de favoriser un échange dans un espace qui autorise la verbalisation à l’abri de tout danger.
L’action du débriefing est avant tout préventive à condition d'être suivi par un travail plus approfondi pour les sujets les plus traumatisés ou les plus fragilisés.
3. Déroulement d’une séance :
Raphaël PITTI explique que celle-ci doit se faire dans un lieu calme accueillant, 24 à 72 h après l’évènement (mais parfois 1 mois après dans certains cas d’hospitalisation en service de grands brûlés p.ex.)
Il n'y a pas de technique standardisée, voici un exemple de procédure:
1° phase : l’explication des faits
L’animateur se présente,
donne l'objectif du débriefing, fixe les règles à respecter, demande à chacun de raconter les faits tels qu’il s'en souvient (odeur, vue, détails…)Chacun est invité à parler en son nom propre. Les participants décrivent l'événement et les faits ou leurs activités quotidiennes sources de stress
2° phase : Les émotions :
L’animateur fait préciser les sensations et les émotions ressenties par chaque participant.
Les victimes décrivent leurs sensations, expriment leurs émotions associées à l'événement
3° phase de normalisation :
L’animateur rappelle la normalité des réactions éprouvées, donne des explications sur le stress, et fait préciser les symptômes résiduels
Les victimes partagent les difficultés qu’ils affrontent et les troubles dont ils souffrent
" Ne soyez pas étonnés de percevoir des troubles du sommeil etc...)
4° Le futur
L’animateur envisage la suite (départ des uns, poursuite de l’engagement d’autres), repère les participants qui auraient besoin d’un soutien individuel, informe sur la suite de l'opération, prévoit éventuellement un 2ème débriefing
Les victimes manifestent leurs besoins et leurs désirs.
Les participants doivent repartir apaisés même s’il a pu exister une " hémorragie émotionnelle " au cours de la séance et le rétablissement d’une situation de bien être est un des objectifs essentiel à atteindre.
On a longtemps pensé que seules les victimes pouvaient présenter ce type d'état de stress post traumatique (ESPT). Les personnels de secours habitués aux situations difficiles étaient considérés comme "immunisés" quant aux effets d’un désastre. C‘est pourquoi la majorité des études consacrées aux ESPT se centraient sur les réactions des victimes de catastrophes.
En 1988, un chercheur américain, O’NEIL, a comparé une population de militaires et d’infirmières ayant servi au Vietnam. Ces dernières pourtant basées à l’arrière des lignes de front, mais recevant les blessés et les morts, présentaient des symptômes identiques à ceux des combattants les plus touchés sur le plan psychologique.
Les médecins généralistes sont eux aussi exposés ; leur isolement et le côté répétitif des traumatismes psychiques qu’il sont amenés à gérer n’arrange rien.
Pascal Pannetier explique qu’on ne se blinde pas avec le temps et qu’il y a un phénomène cumulatif des traumatismes psychiques. Parfois un énième traumatisme, d’apparence objective analogue aux précédents induit une décompensation d’un professionnel en réactivant un traumatisme plus ancien.
4. Les messages à retenir :
Pas de Benzodiazépine ni d’Antidépresseurs. Qui rendent " implicite " ce qui doit être " explicite " afin que ces évènements douloureux puissent prendre sens. |
Peut être du propanolol. Raphaël Pitti explique que lorsqu’on a peur du loup, ce n’est pas le loup qui provoque la peur. La vue du loup provoque une réaction chimique, une libération de catécholamines etc… et c’est ce que l’on ressent dans son corps à la suite cette sécrétion biochimique qui provoque la peur. |
Comme dans la gestion de douleur chronique, toujours croire ce que dit la victime : S’il me le dit, c’est qu’il le ressent. Si l’on commence à douter, on ne peut plus être un soignant. |
Éviter de rassurer la victime en minimisant ce qui lui est arrivé ou en se mettant à sa place ou en faisant référence à d’autres personnes ayant vécu la même situation. C’est une manière de nier le ressenti de la personne et ne pas reconnaître sa souffrance. |
Éviter toute déculpabilisation précipitée. Se contenter de prendre acte simplement de la culpabilité exprimée et, en tout cas, ne pas aller au delà de : " Non, je ne pense pas que ce soit de votre faute " ou " je ne vois pas les choses comme ça ", en s’engageant dans la relation. (voir le dernier § Réflexion sur le " sens " et la " culpabilité ") |
Éviter de vouloir essayer de tout résoudre dans l’immédiat, de s’engager sur des solutions que l’on ne pourra pas tenir. |
Éviter de se diluer dans une écoute répétitive et stérile. |
5. Réflexion sur le " sens " et la " culpabilité "
Dans le film " L'effroi des hommes " de Jean-Bernard Andro qui nous a servi d’introduction, nous remarquons qu’il existe des situations différentes.
Ainsi, les traumatismes des soldats de Dien-Bien Phu ou des vétérans du Viêt-Nam ne nous paraissent pas du même ordre que les traumatismes d’une prise d’otage dans une agence de banque ou un supermarché ou d’une explosion de gaz dans un immeuble. Raphaël PITTI explique que souffrir est possible si cela a du sens.
Dans les guerres, le sens préexiste. (Le soldat part défendre la patrie en danger, le pompier va sauver des vies humaines etc.) Dans le second cas l’évènement est d’une brutalité absolue et le sens sera à trouver à posteriori.
Culpabilité, se sentir coupable signifie que l’on a réalisé que l’on peut être coupé par un évènement traumatisant : un bout du sujet est dans l’avant, l’autre dans l’après.
" Cette culpabilité immédiate est à comprendre comme une tentative, parfois désespérée, souvent douloureuse, mais toujours positive, de regagner de la maîtrise, de reprendre son destin en main... Prendre la faute à son compte, c’est aussi être un acteur direct de l’événement et ne pas être déshumanisé, réifié et totalement soumis aux aléas de l’existence ".
Lisez cette excellente publication: Les soins psychiques précoces en cas de catastrophe (Prieto, Lebigot)
" Accidents collectifs, attentats, catastrophes naturelles : Conduite à tenir pour les professionnels de santé ": Un excellent document destiné aux professionnels de santé pouvant être amenés à participer à la prise en charge des victimes est téléchargeable sur le site http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/attentat/index.htm |
Vous trouverez aussi une liste de documents de référence et d’adresses utiles aux victimes en cas d’accidents collectifs et d’attentats, téléchargeables à l’adresse http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/attentat/9attentat.htm |
Et sur l’excellent site Psy-Cause d’Avignon Les cellules d'urgence medico-psychologique: une évolution récente de la psychiatrie en france. http://perso.wanadoo.fr/psycause/018/les_cellules_d_018.htm |
Pr Louis CROCQ (1990 b), Réactions psychiques dans les catastrophes, In P. DENIKER, T. LEMPERIÈRE, J. GUYOTAT, Précis de psychiatrie de l'adulte, Paris, Masson, pp. 262-269. | |
L. CROCQ (1992), Panorama des séquelles des traumatismes psychiques. Névroses traumatiques, états de stress post-traumatiques et autres séquelles, Psychologie Médicale, 24, n°5, pp. 427-432. | |
L. CROCQ (1994), Les victimes psychiques, Victimologie, 1, pp. 25-33. | |
L. CROCQ , C. DOUTEAU , P. LOUVILLE, D. CREMNITER (1998), Psychiatrie de catastrophe. Réactions immédiates et différées, troubles séquellaires, paniques et psychopathologie collective, Encyclopédie Med-Chir, 1998, Psychiatrie, 37-113-D-10, 8 p. | |
L. CROCQ (1998 a), La cellule d'urgence médico-psychologique. Sa création, son organisation, ses interventions, Ann. Med.-Psychol., 156, pp. 48-54. |
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F. LEBIGOT, E. GAUTHIER, D. MORGAND, J.L. REGES, M. LASSAGNE (1997), Le debriefing psychologique collectif, Ann. Med.-Psychol., 155, 6, pp. 370-378. | |
F. LEBIGOT (1998), Le debriefing individuel du traumatisé psychique, Ann. Médico-Psychol., 156, 6, pp. 417-420. |
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