Marie Didier
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Contre visite

par Marie Didier

 

présenté par JM Bolzinger
17 août 2005

 

Voici un des très rares livres consacrés à la médecine générale écrit par une femme.

C’est un texte plaisant à lire, rédigé tout en sensibilité et en poésie. Il s’agit du cahier d'une contre-visite intérieure dans lequel elle note chaque soir la lumière d’une rencontre qui l’a touchée ou une situation qu’elle veut ne pas oublier. 

« Ne plus me sentir ridicule d’avoir le besoin d’écrire.
Cette purge, comme l’appelle Miguel Torga,  m’apparaît de plus en plus utile.
Y voir une chance de penser les moments de vie au lieu de les subir.
Le mouvement qui me porte à l’encontre des malades est voisin de celui de l’amour. »

Marie Didier déroule une vie fort remplie entre ses enfants, son cabinet de banlieue, l’hôpital, le dispensaire, le bidonville où vivent les tsiganes. On y croise ces français moyens qui ont si peu de moyens, les algériens qui en ont encore moins et les familles gitanes chassées par la police.

Au moment où elle publie ‘Contre visite’, l’auteur est une jeune quinqua qui a traversé des périodes personnelles délicates. Elle parle d’elle sans concession, du temps qui passe.

« Cette angoisse de la vieillesse, de la laideur, cette hantise du poids, celle des rides, de l’affaissement, redoublées, redites, psalmodiées malade après malade engluent, avilissent la vie, la salissent. Parce qu’elles sont miennes aussi. »

Et puis il y a les questionnements concernant notre pratique…

«Je vais vous dire, c'est simple : je viens vous voir parce que j'ai confiance, oui, mais aussi parce que vous êtes une lumière pour moi. Vous êtes heureuse de la vie. Chaque fois que je vous quitte, le courage m'est revenu. Quand j'ai le cafard je sais que vous existez. Alors si ce n'est plus comme ça, je ne supporterai pas de revenir.» On ne peut pas faire plus direct, plus cruel.

Et cette autre, rencontrée dans un grand magasin :

« Trop, dit-elle, vous en faisiez trop. Toujours tonique, toujours en forme, trop attentive, presque trop présente à mes cheveux gras, à mes yeux que vous trouviez bien maquillés, très beaux ce jour-là, à mon avachissement que vous saviez traquer. Fatigant, c'était fatigant. Il fallait toujours être au niveau. »

D’un trait de plumes Marie Didier capte admirablement le visage de ses patients, Maria, Youssef, Ginette et en quelques mots, les décrit avec ce sens du juste qu’ont les grands artistes. Il est beau de retrouver notre quotidien aussi joliment écrit, simplement peut être parce que Marie Didier sait poser ce regard de chaleur et de compassion sur tous ceux qu'elle rencontre.

 

Qu'elle soit remerciée ici pour ce très beau texte.

 

 

'Contre visite' de  Marie Didier, a été édité initialement chez Gallimard en 1992 il est disponible aussi en format poche Folio 160 pages.

 

 

 

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