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Une consultation à la Salpetrière au début du XX° siècle
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J'ai envie de vous faire partager quelques pages des Cahiers de Malte Laurids Bridge dans lesquels Rilke nous fait vivre une éprouvante consultation à la Salpetrière. Les Cahiers de Malte Laurids Bridge (Die Aufzeichnungen des Malte Laurids Bridge) sont achevés en 1910.
C'est cette ambiance qui pèse sur ces pages, Les Cahiers de Malte Laurids Bridge étant un texte largement autobiographique. Un jeune danois, Malte Laurids Bridge, vient vivre à Paris. Le texte en prose est sous la forme d'un journal intime. Malte découvre une grande ville hostile génératrice d'angoisse. Malte se rappelle des souvenirs d'enfance au Danemark qui font appel au fantastique. Le début du texte est sans appel:
Malte se rend à son rendez-vous fixé à une heure à la Salpêtrière. Dans la salle d'attente "l'air était mauvais, lourd, plein de vêtements et d'haleine". Il se sent faire "partie des épaves". Rilke parvient en quelques lignes à donner vie aux malades qu'il y côtoie. Il est horrifié par la vue d'une multitude de pansements, "des pansements qu'on avait ouverts où était étendue à présent, comme dans un lit sale, une main qui n'était plus une main; et une jambe emmaillotée qui sortait du rang, grande comme un homme tout entier". Une heure passe. Les médecins arrivent. Encore une heure d'attente. Malte est convié " raconter" son cas devant "le médecin et les jeunes gens" "assis autour de la table". Les médecins montrent des signes d'impatiences. Malte est prié de retourner dans le couloir dont "l'air était devenu beaucoup plus pesant" en attendant qu'on le rappelle. Et toujours des portraits de malades: "une masse énorme, incapable de se mouvoir, qui avait un visage et une main grande, lourde et immobile. Le côté du visage que je voyais était vide, sans traits ni souvenirs, et on éprouvait de l'inquiétude à voir que les vêtements étaient semblables à ceux d'un cadavre qu'on aurait habillé pour le mettre en bière". Soudain Malte se sent envahi par "la grande chose", "elle grandissait en jaillissant de moi comme une tumeur, comme une seconde tête, comme une partie de moi-même, et qui cependant ne pouvait pas m'appartenir puisqu'elle était si grande". Cette grande chose, c'est l'angoisse, l'accès de panique. Un seul remède: la fuite: "je ne me rappelle plus combien de cours j'ai traversées pour sortir".
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