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Le syndrome de Stendhal
présenté par Jean-Michel Bolzinger
Parmi les grands écrivains du XIX° siècle, Henri Beyle est surtout connu pour « Le rouge et le noir » et pour « La chartreuse de Parme ». Il publie à 34 ans son premier ouvrage signé du pseudonyme ‘Stendhal’ « Rome, Naples et Florence » dans lequel il raconte une expérience tout à fait intéressante. Alors qu’il vient de franchir les Apennins, il ressent soudain une mystérieuse agitation intérieure avec tachycardie, perte de toute maîtrise de lui et grande confusion à l’idée de croiser la route de Dante, Michel-Ange et de Vinci. Ne parvenant à aucune pensée structurée il décide de
Arrivé dans la cité florentine, il ressent une véritable extase à la contemplation des œuvres d’art, il en vient même à redouter une défaillance. A la sortie de l’église Santa Croce où se trouve le tombeau de Michel Angelo (1475-1564) il écrit ceci :
De nombreuses personnes ont ressenti des symptômes analogues, Anselm Feuerbach en 1856 se retrouva submergé par les larmes et invoqua le ciel à son aide:
En 1989, Rainer Maria Rilke eut à son tour le souffle coupé par Florence
Par la suite de nombreuses personnes ont ressenti des symptômes analogues qui semblent survenir chez certains individus exposés à une surcharge de chefs-d'œuvre artistiques. Cette réaction d’impotence foudroyante face au grand art est assez rare et touche principalement des personnes sensibles. Ce syndrome fait partie de ce qu'on peut appeler les troubles du voyage. Etonnée de recevoir des touristes choqués émotionnellement, Graziella Magherini qui est une psychanalyste de l’école freudienne et qui exerce à l’hôpital Santa Maria Nuova de Florence s'interroge sur les effets d'une surdose artistique et fait alors un lien avec les carnets de voyage de Stendhal A partir de plus de cent cas similaires d’états de folie, de confusion mentale et de souffrances psychiques diverses face aux oeuvres d’art survenus chez les touristes qui visitaient la Galerie des Offices à Florence, elle parvient à formaliser un diagnostic qu’elle baptise ‘Syndrome de Stendhal' Entre 1980 et 1990, 106 cas ont été recensés et le chiffre est quasi identique pour la décennie suivante. D’après les études menées, il s’agirait en majorité
En général, les patients retrouvent leurs esprits en quittant la ville. Les symptômes sont toujours les mêmes :
Le sujet passe d’un état d’exaltation, de sentiment de toute puissance à des attaques de panique et à la peur de mourir. D’après Graziella Magherini, les causes de ce trouble en sont " une personnalité impressionnable, le stress du voyage et de la rencontre avec une ville comme Florence, hantée par les fantômes des géants ". Le syndrome de Jérusalem est équivalent au Syndrome de Stendhal à ceci près qu'il ne se rapporte pas aux oeuvres d'art, mais au sens religieux révélé lors du pèlerinage dans la ville sainte des trois monothéismes.
En plein centre de Paris, à l'Hôtel-Dieu une consultation spécialisée accueille les touristes égarés qui perdent subitement leurs esprits et qui souffrent du ’syndrome des voyageurs’ Le Dr Youcef Mahmoudia, psychiatre à l'Hôtel-Dieu distingue très clairement :
Ces troubles révèlent ils vraiment une maladie ? Sont ils pas simplement la preuve que l’art possède une force immense et qu’il peut transmettre une émotion absolue ? Graziella Magherini affirme
Il ne vous reste plus qu’à aller voir vous même et à vous laisser émouvoir par les chefs d’oeuvre que Florence porte en elle... Ne manquez pas l'excellent mémoire de Michel Bourguignon, consultable en ligne à l'adresse suivante: http://m.bourguignon01.free.fr/Sebovix/memoire/index.htm
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